Le gisant de l'église de Plouha
Enfant, je passais mes étés chez mes grand-parents maternels dans la commune de Plouha. Ma grande-mère qui était très pieuse allait chaque week-end à la messe et je l’y accompagnais régulièrement dans cette grande église en granit de Plouha. Pendant que les femmes allaient prier, les hommes attendaient leurs épouses patiemment dans leur propre chapelle, le bar-tabac de La Civette. Dans le transept sud de l’église se trouvait un beau gisant représentant un prêtre allongé les mains jointes. Il ressemblait aux belles statues que j’avais pu admiré à la Basilique de Saint-Denis. Il m’intriguait. Mon grand-père qui connaissait bien sa famille me dit qu‘il s’agissait de son arrière-arrière-grand-oncle, l’oncle de son arrière-grand-mère Marie-Marguerite Auffret, qui avait été vicaire général de Saint-Brieuc. Dans un diocèse, le vicaire général est le prêtre qui nommé par l’Evêque le seconde ou le remplace en cas d’absence.
Sur la plaque au-dessus du gisant était écrit:«Ici ont été déposés le 12 septembre 1889 les restes de vénérés Monseigneur Augustin AUFFRET né à Plouha et décédé à Saint-Brieuc. Prêtre savant et pieux. Il fût vicaire général de quatre évêques de ce diocèse. Sa générosité pour cette église n’est connue que de Dieu. Que Dieu le récompense»
A chaque fin de messe, j’aimais aller saluer mon auguste 4fois-arrière-grand-oncle en essayant de retrouver des traits de ressemblance avec mon grand-père et ses frères.
Mon 4 fois-arrière-grand-oncle
Les registres d’état civil de Plouha m’ont confirmé qu’Augustin Auffret, né le 5 octobre 1791 à Plouha, était le fils d’Yves Auffret et d’Anne Léart. Il était donc bien de l’oncle de Marie-Marguerite Auffret, l’arrière-grand-mère de mon grand-père.
La vie d'Augustin Auffret, vicaire général de Saint-Brieuc
Augustin entre au seminaire le 14 mars 1814 où il est boursier. (1)
Alors recteur de Saint Quay, il fonde la communauté religieuse de Saint-Quay en 1825 ou 1826 avec sa soeur, qui en a été la première supérieure. (2)
Puis, professeur de philosophie, il est désigné, par le Vénérable Jean-Marie de la Mennais, pour devenir le directeur du Petit Séminaire à Tréguier.
Ensuite, il est nommé au moins trois fois de suite vicaire général du diocèse de Saint-Brieuc en 1841 par Monseigneur Jacques-Jean-Pierre Le Mée, en 1858 par Monseigneur Guillaume-Elisée Martial et en 1862 par Monseigneur Augustin David.
A cette époque, il est aussi membre de la société archéologique des Côtes du Nord qui réunit les membres de la noblesse et du clergé du département et il devient chevalier de la légion d’honneur le 11 août 1859.
Dans sa commune natale de Plouha, après le rejet de l’idée du curé de transférer pierre par pierre la chapelle de Kermaria au bourg, la construction de la nouvelle église, monumentale, commence en 1857. Les plans sont l’œuvre d’Augustin qui suit les recommandations du manuel pour la construction des églises de l’évêque de Belley.(3)
Après une longue carrière au service de l’Eglise et usé par les années, il démissionne de sa charge de vicaire général le 17 septembre 1864 pour se retirer au Grand Séminaire de Saint-Brieuc où il décède le 27 novembre 1868.
Une petite déception
Il y a un peu plus d’un an, de passage à Plouha, je suis allé dans l’église de Plouha pour saluer Augustin et j’ai remarqué près du gisant un petite affichette qui traduisait le texte en latin gravé sur le coté du tombeau. Je découvris que le gisant n’était pas mon illustre parent vicaire général, mais François Marie Perro, le curé de Plouha qui avait construit la nouvelle église. et qui avait failli raser la très belle chapelle de Kermaria. J’avoue avoir été un peu déçu par cette découverte. De l’histoire de mon grand-père, le vicaire général était bien un membre de sa famille et au vue de la plaque, il repose bien dans l’église de Plouha, mais ce n’est pas le gisant. Comme quoi, il est toujours important de bien vérifier les histoires familiales.
Sources:
(1) DOCUMENT 44 P187 : entrée au séminaire: http://www.lamennais.org/wp-content/uploads/2016/04/Livre1JLM.pdf
(2) Histoire de Saint Quay: http://www.infobretagne.com/saint-quay-portrieux.htm
(3) Prêtres de Bretagne au xixe siècle de Samuel Gicquel: https://books.openedition.org/pur/3334?lang=fr
2 commentaires
Christelle · 26 novembre 2019 à 20 h 42 min
Une petite déception mais d’intéressantes recherches et un bel article !
Y comme Yann et son bilan du Challenge A à Z 2019 - Enquête de notre histoire · 1 décembre 2019 à 17 h 18 min
[…] – vérifier les légendes familiales comme avec mon ancêtre chouan Mathurin Saillard et de son trésor ou du gisant de l’église de Plouha. […]