La série Zo1 de l’officialité de Paris

Pour le dernier article du Challenge A à Z, c’est à la série Zo1 de l’officialité de Paris que nous nous intéressons.

Pour les novices, cela doit paraître bien obscur. Tribunaux ecclésiastiques, les officialités ne possédaient plus dans les derniers siècles de l’Ancien Régime qu’une compétence réduite aux demandes en nullité de mariage, aux réclamations contre les vœux des religieux, aux causes personnelles entre clercs et aux infractions contre la discipline ecclésiastique.

La série Zo1 conserve un document très utile pour les généalogistes, les dispenses de consanguinité et de parenté du diocèse de Paris. Ces archives peuvent s’avérer très utiles pour ceux ayant des ancêtres ayant vécu à Paris ou à proximité sous l’ancien régime.

Diocèse, prévoté et élection de Paris (1650-1680)

Les dispenses de consanguinité

Sous l’ancien régime, les français étaient plutôt sédentaires, ils naissaient, se mariaient et mourraient en grande majorité dans le village de leurs parents. Cette faible mobilité augmentait les chances de se marier avec un cousin ou une cousine plus ou moins lointain. L’église catholique interdisait les mariages entre cousins. Pour une parenté au 2ème degré (cousins germains), il fallait obtenir une dispense de consanguinité du Pape. Pour celles du 3ème et du 4ème degré, elles étaient octroyées par l’évêque.

Ces dispenses de consanguinité peuvent s’avérer un outil très précieux pour les généalogistes, car dans de nombreux cas, nous pouvons avoir la chance d’y retrouver la généalogie des jeunes mariés, montrant ainsi comment ils sont apparentés.

Lien de parenté entre époux

Le mariage de Simon Dardelle et de Edmée Jolly

Sur l’acte de mariage du 4 novembre 1737 sur l’île Saint-Denis de mes ancêtres Simon Louis Dardelle fils de Jean Dardelle, maître cordonnier, et de Geneviève Meunier et Edmée Jolly, fille de Jean Jolly, maître pêcheur, et de Anne Denise Venteclaye, nous retrouvons la mention d’une « dispense d’empêchement du quatre au quatrième degré qui est entre les parties, obtenue en l’archevêché de Paris le 22 du mois dernier »

Acte de mariage de Simon Louis Dardelle et Edmée Jolly du 4 novembre 1737 de l’île Saint-Denis

La dispense de consanguinité de Simon et Edmée

A partir de cette union, nous retrouvons dans la série Zo1 la dispense mentionnée dans l’acte de mariage. Simon Louis y est alors compagnon cordonnier.

Le lien de parenté commun entre les 2 époux y est mentionné avec Etienne Mari comme ancêtre commun.

La justification pour cette dispense se justifie pour chacun d’entre eux par le fait qu’à l’île Saint-Denis, «la petitesse du lieu et leur nombreuse famille sont cause que tous les habitants leur sont parents ou alliés et qu’ils leur seraient très difficile de s’y marier à d’autres ».

Dispense avec généalogie de Simon Louis Dardelle et d'Edmée Jolly

La dispense de consanguinité de leur fille Marie Edmée

En analysant le mariage de Marie Edmée la fille de Simon Louis Dardelle et de Edmée Jolly le 25 Septembre 1775 à l’île Saint-Denis, j’ai été surpris de découvrir que Marie Edmée se marie avec son cousin issu de germain Jacques Michel Villet. Leur dispense de consanguinité nous permet de découvrir que leur arrière-grand-père en commun est Antoine Jolly.

Dispense avec généalogie de Jacques Michel Villet et de Marie Edmée Dardelle

L'endogamie de l'île Saint-Denis sous l'ancien régime

Etant donnée la justification de petitesse de lieu pour la dispense de consanguinité pour les personnes issues de l’île Saint-Denis, je me suis dit qu’il y avait certainement d’autres couples de cette paroisse qui étaient contraints de se marier entre cousins.

Comme ces dispenses de consanguinité et de parenté sont indexées par la base de données « familles parisiennes », j’ai fait une recherche pour celles concernant l’île Saint-Denis et elles sont très nombreuses.

En effet, cette île Saint-Denis située dans la Seine n’est sous l’ancien régime accessible que par barque. Le premier pont est construit en 1844. De nos jours, les photos satellites y montrent au moins cinq ponts. Il n’est donc pas simple de rentrer ou de sortir de cette île, ce qui explique la forte endogamie des habitants de l’île Saint-Denis au XVIIIe siècle. Malgré la proximité de Paris et de la ville voisine de St Denis, où se trouve le tombeau des rois de France, les habitants de l’île Saint-Denis privilégiaient les mariages au sein de leur petite île.

Recherche des dispenses de consanguinité sur l'île Saint Denis via le site " familles parisiennes"
Exemple de résultats de recherche sur le site " familles parisiennes"
Île Saint Denis en 1775
Île Saint Denis en 2019

Astuces pour retrouver des ancêtres vivant à Paris ou à proximité au XVIIIème siècle​

En raison du manque des registres paroissiaux de Paris avant 1860 suite à l’incendie de l’hôtel de ville par les communards, il est difficile de remonter les générations sur Paris. Grâce au projet « familles parisiennes », nous retrouvons d’autres sources qui nous permettent de retrouver des éléments généalogiques, comme par exemple les précieuses dispenses de consanguinite ou de parenté. 

Si vous avez des ancêtres parisiens au XVIIIème siècle ou vivant à proximité, mon conseil est de rechercher pour les noms ou parents de vos ancêtres et aussi au niveau de leur paroisse si il existe des dispenses de consanguinité associées. Ensuite, vérifiez les généalogies qui y sont mentionnées. Parfois, dans la ligne généalogique, vous aurez la chance d’y remarquer votre ancêtre parisien, ce qui vous permettra de remonter des générations supplémentaires et de le relier à d’autres individus.

Des mariages consanguins pas si rares.

En vous inspirant de l’exemple de l’officialité de Paris, restez vigilant dans la lecture des actes de mariage de vos ancêtres aux mentions de dispense de consanguinité. 

N’hésitez pas à aller les retrouver dans les fonds des archives départementales. Certaines comme celles à Saint-Brieuc, vous décevrons, car la généalogie des conjoints n’y est pas conservée, mais dans d’autres archives, vous pourriez avoir de belles surprises. 

Il y a un moins d’un siècle les mariages consanguins n’étaient pas si rare dans certaines régions comme le montre la carte ci-dessous issue de l’étude «Fréquence et répartition des mariages consanguins en France» de Jean Sutter et de Léon Tabah. J’ai moi-même eu la surprise de découvrir que les parents de mon grand-père maternelle étaient cousins-issus-de-germain et ses grands-parents-paternels cousins germains.

Et vous avez vous trouvé de nombreux cousinages entre vos ancêtres?

Mon lien avec mes ancêtres de l'île Saint-Denis

Sources :

Dispense de consanguinité du 19/10/1737 entre Simon Louis Dardelle , compagnon cordonnier et Edmée Joly : https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=18501&page=870

Dispense de consanguinité du 09/09/1775 entre Jacques Michel Villet et de Marie Edmée Dardelle: https://www.geneanet.org/archives/registres/view/18858/266


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